Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/278

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psychologue dit traître à la vérité », voilà une opinion d’une singulière candeur. Il suffit de dire que la psychologie n’est pas toute la vérité. Mais la physiologie seule l’est encore moins. Il est tout à fait puéril de diviser les romanciers en psychologues, tous idiots ou charlatans, et en physiologistes, seuls peintres du vrai. Au fond, il y a de bons et de mauvais romanciers ; et, parmi les bons, il y en a qui expriment surtout le monde extérieur et les sensations, et d’autres qui analysent de préférence les sentiments et les pensées ; et ceux-ci ne sortent pas plus de la réalité que ceux-là. Me pardonnera-t-on de répéter des choses aussi banales ? Mais c’est que pour ce brave Sandoz, la psychologie est je ne sais quoi d’absurde, de suranné, de ridicule, de gothique, de tout à fait en dehors du monde réel. Or la psychologie est tout uniment, pour les philosophes, l’étude expérimentale des facultés de l’esprit, et, pour le romancier, la description des sentiments que doit éprouver une créature humaine, étant donnés son caractère, son tempérament s’il y a lieu, et une situation particulière. Est-ce donc quelque chose de si chinois et de si scolastique ? Il y a, pour le moins, autant de psychologie que de physiologie dans Balzac ; il y en a plus dans Stendhal : et je ne pense pas pourtant que ni l’un ni l’autre se soient amusés à « dévider les cheveux emmêlés de la raison pure ». Au fait, qu’est-ce que cela veut dire ? Adolphe est aussi vrai que Germinal, et même Indiana que Nana.