Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/135

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une outrance un peu haletante, capricante et fébrile.

Par là-dessous, une âme traditionaliste, profondément chrétienne d’éducation.

Hervieu est avant tout un déterministe vigoureux et subtil ; Donnay, un ironique et un voluptueux. Lavedan, malgré tout, demeure un moraliste. Il a, plus que les autres, insisté sur le surgit amari aliquid de la vie joyeuse. L’immense ennui, le néant qui est au fond des existences purement mondaines, cette mélancolie noire dont sont envahis, quand ils ne s’amusent plus et même en s’amusant, ceux qui font profession de s’amuser, il nous en a donné, maintes fois, l’impression poignante (la Haute, Nocturnes). Et, une fois ou deux, il nous a dénoncé ce qui grouille dans ce vide, et comment ce nihilisme, d’ordinaire avachi et doux, des vieux viveurs peut tourner au farouche et au macabre. Voyez, dans le Nouveau Jeu, l’entretien nocturne du père Labosse avec son valet de chambre : chef-d’œuvre absolu ; du Balzac en petites phrases.

Et voici paraître l’âme « vieille-France » de Henri Lavedan. Dans le monde qui s’amuse, il distingue toujours scrupuleusement les Salomon et les d’Aurec, et les viveurs de la bourgeoisie riche ou de la finance et ceux de l’ancienne aristocratie. Quoique ces deux classes se touchent souvent et se mêlent (et cette rencontre même est un phénomène social que l’auteur du Prince d’Aurec a étudié d’un effort très sérieux), elles lui inspirent des sentiments bien