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en subir les préparatifs. Ça durera cinq ans. C’est exquis.

Si encore elle devait se cantonner, comme les autres fois, au Champ de Mars et à l’Esplanade ! Mais une idée qu’ils ont, idée digne d’eux, la plus absurde et la plus antiesthétique des idées, c’est que la beauté d’une Exposition se mesure premièrement au nombre d’hectares qu’elle couvre. Or, celle de 1889 était déjà éreintante à parcourir. Que sera la prochaine ?

On va nous éventrer nos Champs-Élysées, mettre à bas ce bon vieux Palais de l’Industrie auquel nous étions faits et qui semblait la grande serre de ce beau jardin. Et pourquoi ? Pour qu’en montant les Champs-Élysées nous puissions, d’un certain endroit, voir les Invalides à l’horizon… Mais on ne les verra guère, puisqu’en traversant l’avenue nouvelle on sera surtout préoccupé de ne pas se faire écraser par les voitures… Puis, c’est une bêtise de croire que deux avenues se coupant à angle droit ajoutent à la beauté l’une de l’autre. Ceux qui iront vers l’Arc de Triomphe ne verront pas le Dôme des Invalides, et ceux qui iront vers le Dôme ne verront pas l’Arc. Alors ?…

Je laisse de côté les agréments prévus que nous réservent les six mois de la fête : la mêlée meurtrière des voitures et des piétons le long des boulevards — déjà impraticables aujourd’hui de cinq à sept heures ; pas un fiacre libre, plus une place dans les restaurants ni dans les brasseries ; l’enchérissement