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chers et bains de filles qu’on nous a servis dans les cafés-concerts. Nous avons vu depuis six ans une extraordinaire recrudescence des bas spectacles de music-halls : exhibitions de chairs nues, chansons d’alphonses et de gigolettes, chansons de Mlle Guilbert. Toute Exposition est suivie d’une diminution de la pudeur publique.

La foule exige de plus en plus le chatouillement direct, devient incapable de tout plaisir qui n’est pas celui-là, et celui-là tout cru… Les divertissements qui veulent un effort de réflexion sont trop relevés et trop laborieux pour elle. La comédie a déjà bien de la peine à vivoter : vous verrez qu’en 1900 il n’y aura place dans les théâtres que pour les vaudevilles acrobatiques et pour les pièces où l’on étalera de la femme. Les Expositions sont la mort de l’art dramatique.

Comme la débauche et la cruauté se tiennent, 1889 avait failli nous léguer, avec les danses obscènes, les courses de taureaux. Qui sait si 1900 ne nous les ramènera point, et si nous ne serons pas mûrs alors pour cet ignoble plaisir ? Chaque Exposition nous laisse plus prêts aux spectacles violents de cirque et d’arène, aux jeux romains ou byzantins…

Oui, je parle en moraliste effaré. Que serait-ce si j’étais économiste ? et que font ici les économistes, s’ils ne s’effarent pas ?

Je néglige tout ce qu’une Exposition universelle