Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/178

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peut permettre et recouvrir de spéculations louches — avant, pendant et après — et tout ce déchaînement de réclame, de puffisme, c’est-à-dire de mensonge et de vol, et toute cette fureur d’entreprises de plaisirs publics. Une année d’Exposition, c’est l’hégire sainte pour tout ce qui porte une âme de maquignon, de négrier ou de forban cosmopolite.

Mais voici qui est plus grave peut-être. Des milliers de pauvres gens, que l’Exposition aura attirés à Paris et momentanément occupés, y resteront quand il n’y aura plus de travail pour eux, et y grossiront l’armée des meurt-de-faim…

D’autre part, une Exposition universelle, c’est le Chanaan des filles. Cette année-là est, dans un sens que n’a point prévu l’Écriture, « l’année des vaches grasses ». Elles pullulent et prospèrent. L’offre grandit avec la demande… Puis, la demande décroît subitement. Que deviennent alors ces malheureuses ?… — Toute Exposition a pour conséquence un développement considérable de la prostitution et, peu après, la diminution de ses débouchés. D’où une crise qui s’ajoute à tant d’autres.

La réjouissance finie, les misérables, plus nombreux, se retrouvent aussi moins résignés… Des voix autorisées nous diront que ces fêtes sont les fêtes de la paix et de la fraternité ; et jamais nous n’aurons entendu plus de solennelles facéties et de sottises officielles. La vérité, c’est qu’en exaltant l’espoir des peuples sans leur apporter plus de