Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en les traitant comme des hommes ; en respectant d’avance — sans vains discours, mais par votre façon d’être — la dignité que vous leur supposez, vous la ferez renaître en eux. Des conseils, des recommandations, des services plutôt que des aumônes ; l’aide spirituelle, qui rend efficace le secours matériel et l’empêche d’être humiliant, voilà la vérité. Vous l’avez parfaitement compris. La forme que vous savez donner à votre charité implique que vous regardez le pauvre comme étant moralement votre égal et comme n’étant pas incapable de le devenir même socialement. Dès lors, vous pouvez causer ensemble. Tout cela, je le répète, est délicat dans la pratique, demande de la patience, de la finesse, du tact. Mais ce tact, vous l’aurez si vous avez de la bonne volonté et un bon cœur.

Vous en serez récompensés, soyez-en sûrs. L’esprit de votre société est excellent : il n’a rien d’étroit, rien d’administratif ni de formaliste. Il respecte votre liberté et vous excite même à en user : il développe en vous l’initiative, l’effort individuel, tout comme si vous étiez des Anglo-Saxons. Votre œuvre vous fait mieux connaître la vie et les hommes. En sorte que la charité, comme vous l’entendez, non seulement sauve et élève les autres, mais vous améliore vous-mêmes et vous fortifie ; que c’est à vous-mêmes aussi que vous la faites, et que vous êtes les obligés de vos obligés.

Je suis étonné des propos édifiants que je vous ai