Page:Lemaître - Les Contemporains, sér7, Boivin.djvu/80

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simples et fortes, héritées de l’antiquité grecque et latine, attendries par le christianisme, élargies par la Renaissance, enrichies de toute la générosité acquise par l’âme humaine à travers trente siècles ; des actes conformes à ces croyances ; des écrits conformes à ces croyances et à ces actes ; le plus ardent patriotisme et le plus humain ; les plus solides vertus privées et publiques ; une sincérité entière ; toutes communications ouvertes, si je puis dire, entre la vie publique, la vie privée et l’œuvre écrite ; des passages aisés et tranquilles de la médiocrité à la puissance, de la chaire du professeur à la tribune et au cabinet du ministre, et de là au foyer domestique et au recueillement de l’étude… bref, c’est une vie singulièrement harmonieuse que celle de M. Victor Duruy, et qui laisse une telle impression de force, de suite et de sécurité dans son développement qu’elle fait songer à quelque très belle Vie de Plutarque, — côté des Romains.

J’aurai, pour vous la remettre sous les yeux, un secours qui me deviendrait une gêne, si je pouvais avoir la prétention de mieux parler de M. Duruy, ou même d’en parler autrement, que ne l’a fait M. Ernest Lavisse dans l’admirable petit livre qu’il a consacré à son ancien chef et vénérable ami. Le tableau qu’il trace de l’enfance et de la jeunesse de son maître est tout cordial et charmant. Victor Duruy naquit en 1811 d’une bonne race d’ouvriers-artistes employés à la manufacture des Gobelins de puis sept