Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 3.djvu/459

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qu'en terre, et pour n’en faire qu’un sépulcre de corps morts entassés les uns sur les autres, il souhaite maintenant de la rendre libre ;

15. Et il promet d’égaler aux Athéniens ces mêmes Juifs qu’il avait jugés indignes de la sépulture, et de qui il avait dit : Qu’il exposerait en proie leurs corps morts aux oiseaux du ciel et aux bêtes farouches, et qu’il exterminerait jusqu’aux plus petits enfants.

16. Il s’engage aussi à orner de dons précieux le saint temple qu’il avait pillé auparavant, à y augmenter le nombre des vases sacrés, et à fournir de ses revenus les dépenses nécessaires pour les sacrifices ;

17. Et même à se faire Juif, et à parcourir toute la terre pour publier la toute-puissance de Dieu.

18. Mais comme il vit que ses douleurs ne cessaient point, parce que le juste jugement de Dieu était enfin tombé sur lui, commençant à perdre l’espérance, il écrivit aux Juifs une lettre, en forme de supplication, qui contenait ce qui suit :

19. Le Roi et prince Antiochus souhaite le salut, la santé, et toute sorte de prospérités aux Juifs ses bons citoyens.

20. Si vous êtes en santé, vous et vos enfants, et si tout vous réussit comme vous le souhaitez, nous en rendons de grandes grâces à Dieu.

21. Étant maintenant dans la langueur, et n’ayant pour vous que des sentiments de bonté dans cette grande maladie dont je me suis trouvé surpris, lorsque je revenais de Perse, j’ai cru nécessaire de prendre le soin des intérêts communs de mon état :

22. Ce n’est pas que je désespère de ma santé, mais j’ai au contraire une grande confiance que je reviendrai de ma maladie.

23. Ayant donc considéré que mon père lui-même, lorsqu’il marchait avec son armée dans les hautes provinces, déclara celui qui devait régner après lui,

24. Afin que s’il arrivait quelque malheur, ou si on venait à publier quelque fâcheuse nouvelle, ceux qui étaient dans les provinces de son royaume n’en pussent être troublés, sachant qui était celui qu’il avait laissé héritier de sa couronne ;

25. Et sachant de plus que ceux qui sont proches de nous et les plus puissants de nos voisins, observent les temps favorables à leurs desseins, et se préparent à profiter des conjonctures qui leur seront propres, j’ai désigné mon fils Antiochus pour régner après moi, lui que j’ai souvent recommandé à plusieurs d’entre vous, lorsque j’étais obligé de me transporter dans les hautes provinces de mes états ; et je lui ai écrit ce qui est joint ci-dessous.

26. Je vous prie donc et je vous conjure que, vous souvenant des grâces que vous avez reçues de moi en public et en particulier, vous gardiez la fidélité que vous devez et à moi et à mon fils.

27. Car j’espère qu’il se conduira avec modération et avec douceur, selon mes intentions, et qu’il vous donnera des marques de sa bonté.

28. Enfin ce meurtrier et ce blasphémateur, frappé d’une horrible plaie, et traité de même qu’il avait traité les autres, étant sur les montagnes et loin de son pays, finit sa vie par une misérable mort.

29. Philippe, son frère de lait, prit le soin de transporter son corps ; et craignant le fils d’Antiochus, il s’en alla en Égypte vers Ptolémée Philométor.