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tout son bien, tant à la ville qu’à la campagne :

6 en sorte que son maître n’avait d’autre soin que de se mettre à table et de manger, s’étant déchargé de tout sur Joseph. Or Joseph était beau de visage, et très-agréable.

7 Longtemps après, sa maîtresse jeta les yeux sur lui, et lui dit : Dormez avec moi.

8 Mais Joseph, ayant horreur de consentir à une action si criminelle, lui dit : Vous voyez que mon maître m’a confié toutes choses, qu’il ne sait pas même ce qu’il a dans sa maison :

9 qu’il n’y a rien qui ne soit en mon pouvoir, et que m’ayant mis tout entre les mains, il ne s’est réservé que vous seule qui êtes sa femme : comment donc pourrais-je commettre un si grand crime, et pécher contre mon Dieu ?

10 Cette femme continua durant plusieurs jours à solliciter Joseph par de semblables paroles, et lui à résistera son infâme désir.

11 Or il arriva un jour que Joseph étant entré dans la maison, et y faisant quelque chose sans que personne fût présent,

12 sa maîtresse le prit par son manteau, et lui dit encore : Dormez avec moi. Alors Joseph lui laissant le manteau entre les mains, s’enfuit, et sortit hors du logis.

13 Cette femme se voyant le manteau entre les mains, et dans la douleur d’avoir été méprisée,

14 appela les gens de sa maison, et leur dit en parlant de son mari : Il nous a amené ici cet Hébreu pour nous faire insulte ; il est venu à moi dans le dessein de me corrompre, et m’étant mise à crier,

15 lorsqu’il a entendu ma voix, il m’a laissé son manteau que je tenais, et s’en est enfui dehors.

16 Lors donc que son mari fut retourné en sa maison, elle lui montra ce manteau qu’elle avait retenu comme une preuve de sa fidélité,

17 et lui dit : Cet esclave hébreu que vous nous avez amené, est venu pour me faire violence :

18 et m’ayant entendu crier, il m’a laissé son manteau que je tenais, et s’en est enfui dehors.

19 Le maître de Joseph, trop crédule aux accusations de sa femme, entra à ces paroles dans une grande colère,

20 et fit mettre Joseph en la prison où l’on gardait ceux que le roi faisait arrêter. Il était donc renfermé en ce lieu-là.

21 Mais le Seigneur fut avec Joseph : il en eut compassion, et il lui fit trouver grâce devant le gouverneur de la prison,

22 qui lui remit le soin de tous ceux qui y étaient enfermés. Il ne se faisait rien que par son ordre.

23 Et le gouverneur lui ayant tout confié, ne prenait connaissance de quoi que ce fût ; parce que le Seigneur était avec Joseph, et qu’il le faisait réussir en toutes choses.



IL arriva ensuite que deux eunuques du roi d’Egypte, son grand échanson et son grand panetier, offensèrent leur seigneur.

2 Et Pharaon étant en colère contre ces deux officiers, dont l’un commandait à ses échansons, et l’autre à ses panetiers,

3 les fit mettre dans la prison du général de ses troupes, où Joseph était prisonnier.

4 Le gouverneur de la prison les mit entre les mains de Joseph, qui les servait et avait soin d’eux. Quelque temps s’étant passé, pendant lequel ils demeuraient toujours prisonniers,

5 ils eurent tous deux un songe en une même nuit, qui étant expliqué, marquait ce qui devait arriver a chacun d’eux.

6 Joseph entra le matin où ils étaient, et les ayant vus tristes,

7 il leur en demanda le sujet, et leur dit : D’où vient que vous avez le visage plus abattu aujourd’hui qu’à l’ordinaire ?

8 Ils lui répondirent : Nous avons eu cette nuit un songe, et nous n’avons personne pour nous l’expliquer. Joseph leur dit : N’est-ce pas à Dieu qu’il appartient de donner l’interprétation des songes ? Dites-moi ce que vous avez vu.

9 Le grand échanson lui rapporta le premier son songe en ces termes : Il me semblait que je voyais devant moi un cep de vigne,

10 on il y avait trois provins, qui poussaient peu à peu, premièrement des boutons, ensuite des fleurs, et à la fin des raisins mûrs ;

11 et qu’ayant dans la main la coupe de Pharaon, j’ai pris ces grappes de raisin, je les ai pressées dans la coupe que je tenais, et en ai donné à boire au roi.

12 Joseph lui dit : Voici l’interprétation de votre songe. Les trois provins de la vigne marquent trois jours,

13 après lesquels Pharaon se souviendra du service que vous lui rendiez : il vous rétablira dans votre première charge, et vous lui présenterez à boire selon que vous aviez accoutumé de le faire auparavant dans le rang que vous teniez.

14 Seulement souvenez-vous de moi, je vous prie, quand ce bonheur vous sera arrive ; et rendez-moi ce bon office, de supplier Pharaon qu’il daigne me tirer de la prison où je suis ;

15 parce que j’ai été enlevé par fraude et par violence du pays des Hébreux, et que l’on m’a renfermé ici étant innocent.

16 Le grand panetier, voyant qu’il avait