Page:Lemaistre de Sacy - Nouveau testament, Mons, 1667, vol 1.djvu/55

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S.Epiphane. Il l’a écrit non en grec mais en hébreu, ou en syriaque, comme l’assure Eusebe dans son histoire, S. Irénée, S. Athanase, S. Augustin, S. Epiphane, & plusieurs autres Peres. S. Jérôme qui déclare la même chose en beaucoup d’endroits, ajoute encore aprés Eusebe, que Panthenus estant allé prescher la foy dans les Indes, y trouva un Evangile de S. Matthieu écrit en hebreu qu’il rapporta à Alexandrie, & qui avoit esté conservé jusqu’à son temps dans la bibliothèque de Césarée. Cet original hebreu s’est perdu depuis, & la traduction grecque nous en est demeurée, dont on ne sait point qui est l’auteur, quoique quelques Peres l’attribuent ou à l’Apostre S. Jaques, ou à S. Jean. S. Matthieu, selon la remarque de S. Augustin, a entrepris principalement dans son Evangile, de rapporter la race royale de JesusChrist, & de le representer selon la vie humaine qu’il a menée parmy les hommes. Cestpourquoy comme il n’est pas si élevé que S. Jean, qui entre souvent dans les mysteres de la Trinité & de la divinité de JesusChrist, il semble aussy qu’il est plus propre généralement pour tous les fidelles ; parcequ’il s’est particulièrement arresté à rapporter les actions & les instructions dans lesquelles JesusChrist, comme remarque S. Augustin, a temperé en quelque sorte sa sagesse & sa majesté divine, pour rendre l’exemple de sa vie plus imitable & plus proportionné à nostre faiblesse : Ut hominem quem gerebat, ad nostræ imitationis temperaret exemplum. Il n’est pas bien certain en quelle année cet Evangile de S. Matthieu a esté écrit ; on croit néanmoins que ça esté vers l’année 39. de l’Ere commune, 6 ans aprés la mort de JesusChrist.