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MILLEVOYE.

Mais ma languissante verdure
Ne laisse après elle aucun fruit.
Tombe, tombe, feuille éphémère,
Voile aux yeux ce triste chemin,
Cache au désespoir de ma mère
La place où je serai demain !
Mais vers la solitaire allée
Si mon amante désolée
Venait pleurer quand le jour fuit,
Éveille par un léger bruit
Mon ombre un moment consolée. »

Il dit, s’éloigne… et sans retour !
La dernière feuille qui tombe
A signalé son dernier jour.
Sous le chêne on creusa sa tombe.
Mais son amante ne vint pas
Visiter la pierre isolée ;
Et le pâtre de la vallée
Troubla seul du bruit de ses pas
Le silence du mausolée.


______



LE POÈTE MOURANT




Le poète chantait ; de sa lampe fidèle
S’éteignaient par degrés les rayons pâlissants ;
          Et lui, prêt à mourir comme elle,
          Exhalait ces tristes accents :

          « La fleur de ma vie est fanée ;
          Il fut rapide, mon destin !