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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Quand j’étais encore jeunette,
Une autre ne posait pas mieux
Le papillon de sa cornette
Et le chignon de ses cheveux ;
Maintenant c’est une autre affaire,
Il s’agit bien de coqueter…
Du jour qu’on est mère et fermière,
On a d’autres chiens à fouetter.

      Je suis la mère Jeanne,
Et j’aime tous mes nourrissons,
Mon cochon, mon taureau, mon âne,
Vaches, poulets, filles, garçons,
Dindons, et j’aime leurs chansons,
Comme, étant jeune paysanne,
J’aimais la voix de mes pinsons.

C’est la moisson, c’est la vendange,
Les semailles, la fenaison ;
C’est la lessive, et tout ça mange,
Tout ça boit plus que de raison.
Il faut qu’à tout je remédie,
Le bétail est ensorcelé,
Les enfants ont la maladie,
Cette nuit la vache a vêlé.

      Je suis la mère Jeanne,
Et j’aime tous mes nourrissons,
Mon cochon, mon taureau, mon âne,
Vaches, poulets, filles, garçons,
Dindons, et j’aime leurs chansons,
Comme, étant jeune paysanne,
J’aimais la voix de mes pinsons.