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THÉODORE DE BANVILLE.


Antres, chemins, fontaines,
Âcres parfums et plaines,
Ombrages et rochers
    Souvent cherchés !

Ruisseaux ! forêts ! silence !
Ô mes amours d’enfance !
Mon âme, sans témoins,
    Vous aime moins

Que ce jardin morose
Sans verdure et sans rose
Et ces sombres massifs
    D’antiques ifs,

Et ce chemin de sable,
Où j’eus l’heur ineffable,
Pour la première fois,
    D’ouïr sa voix !

Où, rêveuse, l’amie
Doucement obéie,
S’appuyant à mon bras,
    Parlait tout bas ;

Pensive et recueillie,
Et d’une fleur cueillie
Brisant le cœur discret
    D’un doigt distrait,

À l’heure où sous leurs voiles
Les tremblantes étoiles
Brodent le ciel changeant
    De fleurs d’argent.

(Les Stalactites)