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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.

« En somme, voilà une œuvre sincère, imprégnée d’art et de vie, et qui renferme suffisamment l’élément philosophique réclamé de toute œuvre moderne. »

Outre Les Champs et la Mer, M. Jules Breton a donné un autre volume de poésie : Jeanne (1880), son œuvre la plus importante.

« Nous ne sommes plus là, dit M. Hippolyte Fournier, en face de ces strophes ailées qui s’envolent légères et faciles du cerveau du poète frappé par une impression fugitive. Jeanne est un roman en vers, c’est la conception d’un créateur qui perçoit aussi bien l’intensité des sensations humaines, que la poésie des champs et des bois, et qui, emporté par son imagination, fait surgir d’un milieu absolument réel des personnages par lui construits de toutes pièces. »

Les œuvres de M. Jules Breton ont été publiées par A. Lemerre.

A. L.


COURRIÈRES




Lorsqu’à travers ta brume, ô plaine de Courrière,
L’ombre monte au clocher dans l’or bruni du soir,
Que s’inclinent tes blés comme pour la prière,
Et que ton marais fume, immobile encensoir ;

Quand reviennent des bords fleuris de ta rivière,
Portant le linge frais qu’a blanchi le lavoir,
Tes filles le front ceint d’un nimbe de lumière,
Je n’imagine rien de plus charmant à voir.