Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/285

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Au loin, l’on aperçoit le miroir transparent
D’un fleuve au sinueux et rapide courant.
De sombres peupliers, bataillons immobiles,
Gardent depuis cent ans ses bords frais et tranquilles,
Exhalant en avril l’odeur des fenaisons.
Dans un coin du tableau, quelques blanches maisons
Semblent escalader la côte ; un presbytère,
Sous les treillis en fleur, se cache avec mystère.
Parfois le cri d’appel des robustes meuniers,
Les grelots des mulets, le chant des mariniers
Font retentir gaîment l’écho de ces rivages,
Et mugir les grands bœufs au fond des pâturages.

(Poèmes Parisiens)








MATINÉE D’OCTOBRE



Au loin blanchit déjà la lueur matinale.
Les cieux vers le couchant sont encore étoilés.
Les coteaux endormis et de brume voilés
Frissonnent doucement dans leur robe automnale.

Les coqs chantent, pareils à de joyeux clairons ;
Un âne brait, un bœuf mugit, la terre grise
S’éveille lentement au souffle de la brise.
Par les chemins montants viennent les vignerons.

Dans le creux d’un vallon un basset implacable
Jette aux échos troublés quelques brusques abois.
Un air plus frais descend de la cime des bois
Et court tout imprégné des senteurs de l’étable.