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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Ces lignes du grand écrivain de Nohant résument à merveille l’inspiration, le fond moral des poésies d’Armand Silvestre. Par la forme il est, parmi les contemporains, l’un de ceux qui se rattachent le moins à l’école de Victor Hugo et de ses successeurs. Il a un moindre souci de la précision pittoresque ; ses images rappellent plutôt la magnificence un peu vague de celles de Lamartine. Ses rimes sont plus sonores que rares ; elles semblent moins arrêter le vers qu’en prolonger au contraire la vibration, comme des points d’orgue. Enfin sa période poétique se déroule avec une ampleur calme, une solennité presque religieuse qui n’appartient qu’à lui.

En prose, Armand Silvestre a publié plusieurs volumes de contes dont la verve rabelaisienne a étonné quelques admirateurs du poète. À ceux-là il a répondu par un beau sonnet ayant pour titre : Ma Défense.

Les œuvres poétiques d’Armand Silvestre ont été publiées par MM. A. Lemerre et G. Charpentier..

Auguste Dorchain.



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Fleuris dans mon esprit, ô fleur de volupté,
Fleur du rêve païen, fleur vivante et charnelle,
Corps féminin, qu’aux jours de l’Olympe enchanté
Un cygne enveloppa des blancheurs de son aile.

L’amour des cieux a fait chaste ta nudité :
Sous tes contours sacrés, la fange maternelle
Revêt la dignité d’une chose éternelle
Et, pour vivre à jamais, s’enferme en la Beauté.