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ÉMILE BLÉMONT.


Je n’ai plus souci d’autre chose
Que de baigner mon âme encor
Dans leurs chers sourires de rose,
Dans leurs regards de ciel et d’or,

En écoutant les chœurs fidèles
Des étoiles du firmament
Dans l’espace immense, autour d’elles,
Graviter éternellement.

(Portraits sans modèles)



L’ESCALIER DE JADE



La pleine lune luit sur la terre apaisée.
Dans la sérénité de la blanche splendeur,
L’Impératrice rêve, et monte avec lenteur
Son escalier de jade où brille la rosée.

Sa robe de satin traîne, et, très doucement,
Effleure chaque marche en longs baisers qui tremblent :
Le jade et le léger satin blanc se ressemblent. —
L’Impératrice rentre en son appartement.

Le clair de lune en son appartement pénètre ;
Éblouie, elle reste immobile un instant ;
Les perles de cristal du long rideau flottant
Scintillent, aux rayons qui baignent la fenêtre.

Une réunion de diamants frileux
Semblent s’y disputer la clarté sous les voiles ;
Et l’on croit voir tourner une ronde d’étoiles
Sur le parquet limpide aux miroitements bleus.

(Poèmes de Chine)