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CHARLES FRÉMINE.

Tout leur est bon, le pré, la lande ;
Mais s’il faut du sable aux palmiers,
Il faut de la terre normande
À la racine des pommiers !

Quand Mai sur leur tête arrondie
Pose une couronne de fleurs,
Les filles de la Normandie
N’ont pas de plus fraîches couleurs ;
Leurs floraisons roses et blanches
Sont la gloire de nos fermiers :
Heureux qui peut voir sous leurs branches
Crouler la neige des pommiers !

Les matinales tourterelles
Chantent dans leurs rameaux touffus,
Et les geais y font des querelles
Aux piverts logés dans leurs fûts ;
Les grives s’y montrent très dignes
Et tendres comme des ramiers ;
Elles se grisent dans les vignes,
Mais font leurs nids dans les pommiers !

L’automne vient qui les effeuille ;
Les pommiers ont besoin d’appuis,
Et leurs longs bras, pour qu’on les cueille,
Jusqu’à terre inclinent leurs fruits ;
Ève fut prise à leur caresse ;
Ils la tentèrent les premiers :
Gloire à la grande pécheresse !
L’Amour est né sous les pommiers !