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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Soleil ! père des créatures !
Majesté ! tu te lèves, Roi !
Répands les saintes nourritures
Aux êtres affamés de toi.

Aussi bien qu’à l’heure première,
Le monde, en extase agité,
Sent la beauté de ta lumière
Et la chaleur de ta bonté.

Tu revêts la terre de flamme ;
À ton souffle la réchauffant,
Tu l’embrasses comme une femme,
Tu la couves comme un enfant.

Dans nos campagnes embaumées,
Rends vigoureux le pauvre en pleurs ;
Rougis le sein des bien-aimées,
Et sur les morts baise les fleurs !

Sois pour le vieillard qui succombe
Et la jeunesse et l’action ;
Enseigne-lui que rien n’est tombe,
Que tout est résurrection !

Soleil ! père des créatures!
A travers l’espace et le vent,
Guide-nous aux cités futures,
Ô dieu visible ! ô dieu vivant !

Emporte-nous dans tes abîmes !
Verse-nous, jour de vérité,
Dans la transparence des cimes,
La force et l’immortalité !