La nature s’apaise ; elle a trouvé son maître.
La genèse, dès lors, s’accomplit dans l’esprit.
Le souverain du monde à peine vient de naître,
Que l’on voit le chaos rugissant disparaître,
Et surgir les sommets, où l’idéal fleurit.
L’homme est Dieu : vagissant dans son nid de lumière,
Il grandit lentement dans l’abîme du ciel :
Il délivre, en chantant, son âme prisonnière ;
Sous sa main, jeune encore, il dompte la matière,
Et ses désirs actifs transforment le réel.
n dirait que ce vent vient de la mer lointaine ;
Sous des nuages blonds l’azur du ciel verdit,
Et, dans l’horizon blême, une brume incertaine
S’amasse à flots épais, se dilate et grandit.
Elle éteint le dernier éclat du soleil pâle
Qui plonge et s’enfouit dans le vague Occident ;
Son front, mélancolique et noirci par le hâle,
Cache au fond du ciel gris son diadème ardent.
L’air sonore frissonne ; et la Nuit souveraine
Du fond de l’Orient se lève lentement,
Elle monte et s’étend ; sa majesté sereine
D’un immense mystère emplit le firmament.
Sous ses pieds nonchalants, que les ténèbres baignent,
Le sol creux retentit, tremble au loin et frémit ;
Et de rouges éclairs, qui palpitent et saignent,
Crèvent le ciel opaque et pesant qui gémit.