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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

C’est une dure épreuve, et le ciel l’a voulue
Pour raffermir ton cœur et te rendre plus fort.
Jeune et beau cavalier, je t’aime et te salue !


(Donaniel)


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LES BOIS




Les bois sont beaux, l’été, quand sous leur dôme immense
Les ombres ont tendu leurs lacs mystérieux.
Des fauves affamés la chasse alors commence,
Et dans les noirs fourrés étincellent leurs yeux.
Ramassés et tapis dans l’ombre qui les noie,
Ils guettent le moment de bondir sur leur proie,
Lorsque de sa retraite en tremblant elle sort.
Cependant autour d’eux tout est paix et silence ;
Rien ne fait présager le carnage et la mort :
Au souffle de la nuit le frêne se balance
Et berce sur ses bras le bouvreuil qui s’endort.
Des houx les plus épais, impuissantes barrières,
Et des chênes feuillus perçant les frondaisons,
À travers les taillis, au milieu des clairières,
La lune vient s’asseoir sur les larges gazons.
C’est l’instant où Diane, en proie à son ivresse,
Elle aussi de l’amour connaissant la détresse,
Glisse dans l’éther bleu sur un rayon tremblant,
Et, craignant que les dieux devinent sa faiblesse,
Au sommet du Latmos que le couchant délaisse,
Pose, silencieuse, un pied furtif et blanc.
Endymion attend les baisers de l’amante
Et, sur un lit jonché d’herbe fraîche et de menthe,
S’abandonne aux langueurs de son rêve divin.
Accours, ô chasseresse, en ce lieu solitaire !