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MADAME LOUISA SIEFERT.

Et, doux chanteurs des nids plus étroits ou plus frêles,
Les plus humbles, avec leurs petites voix grêles,
                Ont le plus frais gazouillement.

Ainsi plus tard, aux jours que l’épreuve dévore,
On trouve des vieillards dont la lèvre incolore
                Recèle un sourire ingénu.
Leurs tranquilles regards sont remplis de lumière :
On dirait un reflet de leur aube première,
                Un rayon d’avril revenu !

On sent en leur parole une indulgence exquise,
Et la suavité de la paix reconquise
                Ennoblit leur sainte candeur.
Enfant pur, aïeul blanc, devant eux on s’incline ;
Qui les voit, fleur naïve ou tremblante ruine,
                Révère la même splendeur.

Car la vieillesse touche au ciel comme l’enfance :
L’une y retourne, et l’autre en vient. La morne offense
                Des ans et du malheur s’enfuit.
Le coucher du soleil à son lever ressemble,
Et, diamants tous deux, souvent roulent ensemble
                Les pleurs de l’aube et de la nuit.


(Les Stoïques)


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AU LARGE




Aux pays des autres étoiles,
Aux lointains pays fabuleux,
Le vaisseau sous ses blanches voiles
Nage au gré des flots onduleux.