Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
283
JACQUES NORMAND.

Et, sous son grand chapeau de toile goudronnée.
Trempé, mais l’œil ardent, la face illuminée,
Le marin bien vivant devant nous se campa.
Gervaise dit : « Mon homme ! »
                                                Et les enfants : « Papa ! »

Ah ! la rude embrassade et l’énergique étreinte !

Alors, le croiriez-vous ! . . . Moi, dont l’âme contrainte
Depuis quelques instants souffrait étrangement ;
Moi, simple spectateur du brusque dénoûment
De ce drame bien simple et fréquent sur nos plages,
Je sentis mes regards se voiler de nuages,
Je perdis connaissance et je m’évanouis...

Quand, un moment après, les yeux tout éblouis,
Secouru par Gervaise avec un soin extrême,
Par Pierre soulevé, je revins à moi-même,
J’entendis le marin qui disait : « Ce n’est rien ! »
Puis d’un ton gouailleur et doux :
                                                    « Parisien ! »

(Paravents et Tréteaux)

EN

REVENANT DE FAIRE L’ESPRIT

Hier soir, à dîner, chez les... Saint- Amarante,
À dix nous avons eu de l’esprit comme trente.
Nous avons discuté sur maints points délicats,
Ciselé des bons mots, analysé les cas