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CHARLES GRANDMOUGIN.

À LA FRANCHE-COMTÉ


Pays de la verdure intense et des eaux vives,
Du vieil esprit gaulois et des joyeux convives,
Province où mon premier amour fut abrité,
Sol d’où montent aux cieux des rocs aux belles lignes,
Où poussent les sapins, où mûrissent les vignes,
Je t’aime, ô ma Franche-Comté !

J’ai souffert dans Paris, comme un damné du Dante,
Tous les étouffements de la saison ardente,
Pareil aux fleurs sans eau que brûle un vent d’été,
Et j’aurais tout donné, boulevard et banlieue,
Pour un de tes sentiers près d’une source bleue,
Fraîche et libre Franche-Comté !

J’ai vu sur l’Océan terrible que j’adore
Les pourpres du couchant, les roses de l’aurore;
J’ai salué, debout, son grand bruit indompté;
Mais, parmi les splendeurs de la plus belle plage,
Dans un coin de mon cœur j’entendais ton langage,
Ma lointaine Franche-Comté !

Et lorsque par la mort ma bouche sera close,
Il faut que dans ton sein ma dépouille repose,
O terre où ma jeunesse errait en liberté,
Et qu’un de tes rosiers sur ma tombe fleurisse,
Ô ma superbe amie, ô ma vieille nourrice,
Ma fidèle Franche-Comté !

(Nouvelles Poésies)