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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Les merles avec les linottes
Improvisent pour lui des chœurs
Tout vibrants d’amoureuses notes,
Chaudes comme leurs petits coeurs.

Le pinson lui siffle une aubade
Sur le pommier de mon jardin,
Le rossignol sa sérénade
Sur le vieux chêne au front hautain.

Des essaims bourdonnants d’abeilles
Viennent, comme des échansons,
Lui verser les gouttes vermeilles
Du miel, au rythme des chansons.

Assis sur un divan de mousses
Tout constellé de boutons d’or,
Le soir, au long des pentes douces,
Il rêve et dans un nid s’endort.

Un peu frileux, il se réveille
Avec les sèves des forêts,
Et sa bouche qui s’ensoleille
Boit la lumière à larges traits.

Il a mis à sa boutonnière
Un rameau de myosotis,
Comme pour dire à sa manière :
« N’oubliez pas mes paradis. »

Oh ! mon cœur s’en souvient encore
De l’ivresse des anciens jours,
Des rêves saints, des chants d’aurore,
De nos baisers, de nos amours !