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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


SONNET DE MARS




Cest un matin de Mars qu’elle m’est revenue,
Éveillant le jardin d’un bruit de falbalas,
L’enfant toujours cruelle et toujours ingénue
Que je n’ai point aimée et qui ne m’aimait pas.

Le givre s’égouttait aux branches, mais plus bas
La neige ourlait encor les buis de l’avenue ;
Et le frisson d’hiver, sous leur écorce nue,
Emprisonnait le rire embaumé des lilas.

Un clair rayon parut : — « Bonjour, c’est moi ! » dit-elle.
Dans l’air moins froid passa comme un cri d’hirondelle,
Je la vis me sourire et crus avoir seize ans ;

Et depuis, quelquefois je me surprends à dire,
Songeant à ce rayon, songeant à ce sourire :
« C’était presque l’Amour et presque le Printemps ! »


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MONOLOGUE
ET
CHANSON DE POLICHINELLE




Quel vin ! Vit-on jamais escarboucle pareille ?
C’est bien simple : Un rayon flâne dans une treille
Et se cache entre les grappes, comme un lézard ;
Un brave vigneron passe là, par hasard,