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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


La vieille volupté de rêver à la mort
À l’entour de la mare endort l’âme des choses.
À peine la forêt parfois fait-elle effort
Sous le frisson furtif d’autres métamorphoses.

Chaque feuille s’efface en des brouillards subtils.
Du zénith de l’azur ruisselle la rosée
Pont le cristal s’incruste en perles aux pistils
Des nénuphars flottant sur l’eau fleurdelisée.

Rien n’émane du noir, ni vol, ni vent, ni voix,
Sauf lorsque au loin des bois, par soudaines saccades,
Un ruisseau roucouleur coule sur les gravois :

L’écho s’émeut alors de l’éclat des cascades.





CRÉPUSCULE D’AUTOMNE




Sous le souffle étouffé des vents ensorceleurs
J’entends sourdre sous bois les sanglots et les rêves :
Car voici venir l’heure où dans des lueurs brèves
Les feuilles des forêts entonnent, chœur en pleurs,
L’automnal requiem des soleils et des sèves.

Comme au fond d’une nef qui vient de s’assombrir
L’on ouït des frissons de frêles banderoles,
Et, le long des buissons qui perdent leurs corolles,
La maladive odeur des fleurs qui vont mourir
S’évapore en remous de subtiles paroles