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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Alors plein de dégoût et d’horreur, tout tremblant,
Bientôt je reconnais dans l’épave un cadavre,
Secoué par le flot, sur les galets roulant,
Qui lentement s’échoue en un tout petit havre.





TROIS OMBRES




Le vent était froid, le ciel noir,
Et, sous ta fenêtre, hier soir,
D’une amoureuse et chère antienne
Mon âme triste se berçait...
Sur la vitre une ombre passait :
          C’était la tienne !

Maudit soit l’odieux pouvoir
Du jaloux désir de savoir !
Je vis, malgré la persienne,
— Oh ! combien mon cœur s’oppressait !
Une autre ombre qui t’embrassait :
          C’était la sienne !

Alors, morne de désespoir,
Immobile sur le trottoir,
— Que jamais il ne m’en souvienne ! —
Une autre ombre encor m’apparaît...
L’ombre lugubrement pleurait :
          C’était la mienne.