Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
RAOUL GINESTE.


LES VIEUX CHATS




Comme ils sont tristes, les matous,
De n’être plus sur les genoux
Qui leur faisaient un lit si doux ;

Qu’ils regrettent les longues veilles,
Où les doigts secs des bonnes vieilles
Taquinaient leurs frêles oreilles ;

Lorsque assises au coin du feu,
En rêvant au bel houzard bleu
Qui reçut le premier aveu,

Les tricoteuses de mitaines
Évoquaient les amours lointaines,
Le temps heureux des prétentaines ;

Alors les minets adorés,
Arquant leurs dos gras et fourrés,
Prenaient des airs énamourés ;

Ils avaient des façons béates
De se lustrer du bout des pattes,
En rêvant aux mignonnes chattes ;

Ou, comme des sphinx accroupis,
Ils ronronnaient sur les tapis,
Laissant aux rats de longs répits.

Fi des rats malins ! Les maîtresses
Leur faisaient de longues paresses
Pleines de lait et de caresses ;