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ADAM ET ÈVE

sant au carré les fins cheveux de l’ortie, active et joyeuse, chantait la petite chanson d’éter­ nité. Et le toit fut blanc sur nos âmes pures et heureuses. Moi, à mon établi, je commençai d’assem­ bler les ais de l’armoire. Quelquefois, descen­ dant vers la lisière du bois, j’allais regarder longuement le chemin par lequel était parti le vieillard. La neige infiniment blanchissait la plaine. Cependant je croyais le voir s’avan­ cer là-bas, courbé sur son bourdon. Alors, dans ma pensée, le dessein qui m’avait mené là se conformait au sens de ce visage obscur et vénérable comme un mythe. L’homme, me disais-je, ne peut se détacher de l’humanité qui le précéda dans la vie ; et il regarde au loin, il tourne les yeux du côté des ancêtres.


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