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l’hallali

Mais voilà que son accès d’asthme tout d’une fois le secouait et il demeurait là, courbé, s’écrasant la poitrine entre les mains, avec le sifflement de la quinte aux dents. À la fin, l’accès faiblissait et, dans le silence du bois, comme s’il parlait à un être vivant, à une femme aimée d’amour et convoitée par autrui, il traçait du poing un cercle et criait à la terre :

— Y n’t’aura point ! Ni lui ni parsonne !

Après tout, peut-être l’intervention du curé changerait-elle les choses : c’était un vieil homme sanguin, la tête près du bonnet, mais droit comme une parole d’Évangile. On disait qu’il était entré sur le tard dans les ordres après une grande épreuve morale ; lui-même avait demandé cette petite cure perdue dans un pays de bois et de marais. Il y vivait en paysan, plantant ses pommes de terre, binant ses choux et œuvrant pour le salut du prochain.

Jean-Norbert se signa, fit une prière pour que Dieu inspirât à son ministre l’autorité persuasive qui seule pouvait sauvegarder les droits de la descendance.

La vieille foi se mêlait en lui à sa cautèle de paysan : il portait sur la peau un scapulaire et dans la poche un chapelet, grondant ses oraisons, tâchant de happer les faveurs du ciel comme un chien happe un os. Sa dévotion était