Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/169

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el.

Contre l’Esprit du mal qui pourra nous défendre
Dans ces rudes combats de l’austère devoir ?…
Est-ce une force humaine, un terrestre pouvoir ?…
Silence… En tressaillant, la femme vient d’entendre

Une voix, que d’abord elle écoute en songeant,
Comme un écho profond du cœur qui se réveille…
Mais la voix se rapproche… elle chante à l’oreille
Ainsi qu’un timbre pur de cristal ou d’argent :

C’est l’appel ingénu d’une petite fille
Qui descend du berceau, voyant qu’on l’oubliait…
Elle entrouvre la porte et, d’un air inquiet,
Pieds nus sur le tapis, demande qu’on l’habille.

La mère l’aperçoit, l’enferme dans ses bras,
L’étouffant de baisers dans ses chaudes étreintes ;
Et de son cœur déborde un flot de larmes saintes…
Son enfant la regarde et ne la comprend pas ;

Mais un sublime instinct lui dit qu’il faut se taire…
Dans ces pleurs convulsifs, dans ces baisers de feu,
Elle a senti passer quelque chose de Dieu,
Et, sans le pénétrer, devine un grand mystère…