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LA VEUVE


À Armand Silvestre.


 

I


Le sourire est en fleur sur les lèvres des belles,
Dans la saison d’avril et des robes nouvelles.—
Salut, ô rubans clairs, guimpes et cols brodés,
Bonnets aériens !… toute la panoplie
Révélant le bon goût d’une femme accomplie
Traîne sur les fauteuils. — Les tiroirs sont vidés.

C’est la fin d’un grand deuil. — La veuve blanche et rose
Travaille avec lenteur à sa métamorphose. —
Elle est toute rêveuse en se déshabillant.
Un vague souvenir de ses douleurs passées
Mêle un papillon noir à ses riches pensées,
Essaim de pourpre d’or qui va s’éparpillant :