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la triomphatrice

Claude, adroite et élusive, elle le regarde avec une acuité amoureuse et murmure.

Je vous aime ainsi, humilié, douloureux, ulcéré…

Sorrèze, troublé.

Ne m’aimez pas trop… Il faut nous préparer… Nous sommes émus aujourd’hui, mais il y a les lendemains…

Claude, après un temps.

Michel, vous vous êtes trop éloigné de moi, voilà d’où le mal est venu… (Très bas.) Vous oubliez trop que je suis une femme… comme toutes les autres. Une femme avec laquelle on peut oublier ses soucis…

(Elle est toute penchée vers lui, n’osant se pendre à son cou.)

Sorrèze, la retenant du geste.

Non…

Claude.

Michel, voilà ce qui nous perd… une fois, une seule fois, viens là-bas…

Sorrèze, très triste.

Non.

Claude, la tête dans ses mains.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Puisque tout mon cœur, toute mon âme, ne peuvent te persuader… Si tu savais à quel point d’esclavage… je dépends plus de toi dans cette épreuve atroce que dans tout le bonheur passé.

Sorrèze.

Épargnez-moi.

Claude, tape du pied avec colère.

Ah !… Pourquoi me laisses-tu, pourquoi faut-il que ce soit moi ? Je ne te dirai plus un mot, Michel, je ne répondrai plus à ton inqualifiable obsession, que tu ne sois là-bas,