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SAINT-JUST ET ROBESPIERRE

discipline militaire et forcé la victoire avait seulement gardé le silence, nul doute qu’il n’eût sauvé sa tête. Il ne craignit pas de parler, de se mettre entre Robespierre et les conjurés, sans daigner même justifier sa propre conduite[1].

Malgré tout, quand il vit Robespierre l’entraîner, quand il vit que le lendemain tous deux ne seraient plus là, n’a-t-il pas trouvé le sacrifice démesuré et que la chute de Robespierre ne valait pas celle de Saint-Just ? Il n’a jamais aimé les héroïsmes de parade. « On a beau dire qu’ils mourront pour la patrie, il ne faut pas qu’ils meurent, mais qu’ils vivent[2] ! » En tous cas, s’il n’eut pas un mouvement pour se rattacher à l’avenir, pas même une révolte à la Commune, à peine un haussement d’épaules, il n’a rien fait comme Lebas, par exemple, comme Robespierre jeune, qui le solidarise avec le premier proscrit, témoigne de son acceptation du sort commun.

Et ce n’est pas encore ici qu’il faudrait rechercher le secret de cette mort silencieuse qu’on a tant remarquée en Saint-Just ? Saint-Just, dès qu’il est vaincu, entre dans un silence dont il n’y a pas d’exemple, il n’a rien exprimé de sa

  1. Aulard. Les Orateurs de la Convention.
  2. Institutions républicaines.