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SAINT-JUST

Ainsi la médiocrité jalouse voudrait conduire le génie à l’échafaud ! Eh bien, comme le talent d’orateur que vous exercez ici est un talent de tyrannie, on vous accusera bientôt comme des despotes de l’opinion… Mais qu’avons-nous donc fait de notre raison ? On dit aujourd’hui à un membre du souverain : Vous n’avez pas le droit d’être persuasif.

D’ailleurs, c’est à peu près toute sa défense. Les attaques à Billaud-Varennes et à Carnot, des projets très sages de réforme du Comité et des plaintes d’ordre général tiennent infiniment plus de place dans ce discours qui, malgré son exorde, ne semble pas croire au danger et qu’on intitulerait plus exactement « discours sur de nouvelles factions ». Il n’y a pas un éloge, un jugement de Robespierre dans ces pages un peu décevantes. On n’y sent pas l’homme atteint dans son respect. Il défend « l’innocence » et la liberté de la parole.

Ne croyez pas au moins qu’il ait pu sortir de mon cœur l’idée de flatter un homme ! Je le défends parce qu’il m’a paru irréprochable et je l’accuserais lui-même s’il devenait criminel.

Et voici de quel ton il en parlait au Comité :

J’éprouve de sinistres présages ; tout se déguise devant mes yeux ; mais j’étudierai tout ce qui se passe ; je me