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SAINT-JUST

La formule générale est « un fanatique » ou encore « un tigre altéré de sang ». M. Rémy de Gourmont ayant à le nommer, n’écrivait-il pas : « Saint-Just cette panthère » ? et les épithètes de M. de Gourmont se trompent rarement. Quant aux historiens, à la manière dont ils nous le présentent, aux phrases talentueuses qui servent à l’occasion — Mignet : « c’était un monstre peigné » ; Lamartine : « Muet comme un oracle et sentencieux comme un axiome… on dirait un rêve de la République de Dracon » — on sent qu’il leur plaît d’avoir affaire à Saint-Just, qu’ils saisissent avec complaisance l’occasion de montrer cette tête au peuple. Mais ils l’ont peu connu, ayant trop d’hommes et trop d’actes à dévoiler pour entrer bien avant dans la psychologie, si provocante fût-elle, du plus jeune des conventionnels. Beau, fanatique et dictatorial, avec les plus complètes variantes quant aux définitions morales et mentales, on nous dit qu’il fit un discours atroce, lequel décida de l’opinion dans l’affaire du roi ; qu’il rapporta avec haine et perfidie contre les Girondins, puis contre les Hébertistes, et puis surtout contre Danton, enfin, le 9 thermidor, contre ses collègues du Comité. Quelques « rapports de guillotine » et les honneurs