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LES RAPPORTS : STYLE ET PROCÉDÉS

ennemi de la liberté respirera ; vous avez à punir non seulement les traîtres, mais les indifférents mêmes ; vous avez à punir quiconque est passif dans la République et ne fait rien pour elle ; car, depuis que le peuple français a manifesté sa volonté, tout ce qui lui est opposé est hors le souverain, tout ce qui est hors le souverain est ennemi.

Si les conjurations n’avaient point troublé cet empire, si la patrie n’avait pas été mille fois victime des lois indulgentes, il serait doux de régir par des maximes de paix et de justice naturelle : ces maximes sont bonnes entre les amis et la liberté, mais entre le peuple et ses ennemis il n’y a plus rien de commun que le glaive. Il faut gouverner par le fer ceux qui ne peuvent l’être par la justice : il faut opprimer les tyrans[1].

Et ce n’est qu’un début. Ce rôle d’accumulateur de la force, il ne cessera de le remplir avec tout son être, tous ses nerfs et tout son talent. Organe du Comité, le lieu de l’énergie, il apporte avec lui la dictature dans ses vêtements :

Le législateur commande à l’avenir ; il ne lui sert à rien d’être faible. C’est à lui de rendre les hommes ce qu’il veut qu’ils soient.

De là un vocabulaire dont chaque terme violente. L’âpreté nécessaire y est une redite. Il rappellera ses collègues à « la véhémence d’un

  1. 10 oct. 93.