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SAINT-JUST

Saint-Just réservait contre Danton et qu’il sut entourer des mêmes ombres meurtrières. Y a-t-il mis tant de noirceur ? C’est l’affaire qui manquait de précision. L’orateur, ayant du talent, s’en est tiré le mieux possible, avec subtilité car il observait et réfléchissait, en élevant la question car il avait des idées générales. Un biographe que les rapports désolent revient toujours à ce mot : « Sa terrible bonne foi. » Ceci encore est exagéré. Il était bien intelligent pour tant de crédulité. Plus tard, en Alsace, ayant soulevé les Jacobins par des rigueurs collectives, il leur écrit : « Le temps démêlera peut-être un jour la vérité ; nous examinons tout avec sang-froid et nous avons acquis le droit d’être soupçonneux… nous persistons jusqu’après le péril dans notre arrêté. » Peut-être faut-il étendre très loin, à tous les procès de sa carrière, le terrorisme utilitaire et pyrrhonien de cet aveu.

Sans vouloir aborder les responsabilités, il est difficile d’étudier ces discours sans une répartition des initiatives. Le rapport du 11 germinal, par exemple, passe encore pour une dictée de Robespierre, et la volonté de sacrifier Danton pour une de ses décisions.

Il semble bien pourtant que Saint-Just l’ait