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SAINT-JUST

À Blérancourt aujourd’hui, si l’on avoue ses intentions d’historien, on vous interroge aussitôt : « Êtes-vous pour ou contre ? » Et jamais, dans sa maison paternelle, il semble qu’on ne pourrait penser mal d’un fils. On sent encore une telle garde autour de cette mémoire, un tel dévouement, qu’on se demande si la postérité ne vaut pas vraiment qu’on meure pour elle. Ce village de Saint-Just grand et blanc, avec des portails, des grilles, des maisons à fronton sur un bouquet d’arbres et la porte monumentale, ouverte sur le ciel du château disparu, a, dans sa réduction, toute la noblesse de la vieille France. Ce n’est pas le berceau d’un conventionnel : c’est la Ferté-Milon.

Il semble qu’elle n’ait point manqué de prestige pour ses concitoyens, l’ancienne famille de receveurs domaniaux du château de Morsain, dont M. de Saint-Just après sa retraite venait retrouver le berceau et la charge héréditaire, car nous voyons, après un incident à la romaine de l’histoire du jeune homme, le maire de Blérancourt lui dire gravement : « J’ai connu votre père, votre grand-père et votre tayon[1], vous êtes digne d’eux ».

  1. Bisaïeul.