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MATIÈRES EMPLOYÉES PAR LE RELIEUR.

tannées au sumac et teintes. On en distingue deux sortes "

Les vrais maroquins, qui se font exclusivement avec des peaux de bouc ou de chèvre ;

Les faux maroquins, qui se préparent avec des peaux de mouton, des moutons sciés ou de très-minces peaux de veau.

Les faux maroquins se nomment aussi moutons ou veaux maroquinés.

Les vrais maroquins sont des peaux de luxe qu’on réserve aux belles reliures. Leur nom vient de celui du Maroc, et il leur a été donné parce que c’est de ce pays que l’art de les fabriquer a été introduit en Europe, du moins en France.

On sait que la découverte de cette branche du travail des cuirs est attribuée aux Orientaux, qui, à l’époque de la conquête arabe, le firent dit-on, connaître aux populations de l’Afrique du Nord.

Pendant longtemps, tout le maroquin employé en Europe, avait une origine étrangère ; on le tirait soit du Levant, c’est-à-dire de la Turquie d’Europe, de l’Asie-Mineure, de la Syrie ou de l’Égypte ; soit des pays barbaresques, c’est-à-dire des régences d’Alger, de Tripoli, de Tunis et de l’empire du Maroc. Depuis le siècle dernier, les choses ont tellement changé qu’aujourd’hui les Européens en fabriquent infiniment plus qu’ils n’en peuvent consommer, et qu’en outre, quand ils travaillent, avec les soins convenables, des peaux bien choisies, ils obtiennent des produits toujours égaux et le plus souvent très-supérieurs à ceux des Orientaux.

Les peaux qui donnent le meilleur maroquin et le plus solide, proviennent du Maroc, de l’Espagne et de l’Agérie. Cela provient de ce que les chèvres de