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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/120

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tout en causant, les jeunes gens arrivèrent bientôt après en vue de Grion.

Ce village est bâti dans un pli de la montagne, au bord d’un versant rapide, et au pied d’un mont que surmonte un bois de mélèzes et dont la déclivité s’allonge dans la direction de Bex.

Ils côtoyaient le bois ; Paul était rêveur.

« Voici le commencement des Mélèzes, dit-il à ses compagnons avec l’émotion qu’inspire un souvenir plein de charme. Ce bois est ravissant. Voulez-vous que je vous le montre dès aujourd’hui ? C’est presque notre chemin.

— Va te promener… aux mélèzes, dit Léon. Moi, je suis trop las.

— Volontiers, avait répondu Ali.

— Alors, tant pis pour toi, dit Paolo à Léon ; j’emmène M. de Maurion, et je t’abandonne. »

Léon les cribla de quolibets sur leur fanatisme sylvestre, et poursuivit son chemin en promettant de ne pas les attendre pour dîner.

« Il est certain que je vous joue peut-être un mauvais tour en vous prenant pour compagnon de ma fantaisie, dit Paul au jeune de Maurion comme ils pénétraient déjà dans le bois après avoir franchi le talus escarpé qui borde la route. J’éprouve à revoir ces lieux l’empressement qu’on a de revoir un ami. J’ai passé là tant de charmantes heures ! j’y ai laissé de telles rêveries et de si délicieux souvenirs… Mais pour vous, qui les allez visiter en étranger, le plaisir ne peut être le même. Et puis vous êtes fatigué sans doute. — Tenez, rattrapons Léon, dit-il en se retournant brusquement.

— Non, dit en souriant Ali ; je ne suis pas très-