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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/139

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et la serra fortement dans les siennes. Aussitôt, d’un élan de cœur, dont tout son visage rayonna, Paul saisit et pressa dans ses bras son jeune ami.

« À la bonne heure ! Je savais que vous deviez me répondre ainsi. Eh bien, nous sommes amis ! à la vie, à la mort ! c’est chose jurée ! Et c’est pour cela, parce que nous sommes amis, parce qu’il me faut votre estime, que je voulais tout à l’heure, que je veux encore, me justifier près de vous. Louise n’est pas l’enfant pudique et naïve que j’avais cru trouver en elle l’été dernier. Ses coquetteries, tranchons le mot, ses provocations, m’ont enlevé tout scrupule ; car, à supposer qu’elle soit pure encore, si elle ne succombe pas avec moi, ce sera avec Donato, ou avec tout autre. Et voilà pourquoi je me suis laissé allé hier à un rendez-vous aux Mélèzes, pourquoi, ce matin, un peu excité par les prétentions de Donato sur cette jolie fille, j’ai profité de sa bonne volonté à rester en arrière, et l’ai retenue dans ce tête-à-tête que vous êtes venu surprendre Je veux bien respecter l’innocence, mais je ne vais pas, comme Joseph, jusqu’à me faire arracher mon manteau. »

Une vive rougeur couvrait les joues et le front d’Ali. Ses traits exprimaient la douleur et l’indignation ; en détournant les yeux, il s’écria :

« Et vous ! Et vous-même ! Votre honneur, à vous, n’existe-t-il point ? Avez-vous si peu le respect de vous que, parce qu’une femme serait méprisable, vous la trouviez bonne à presser sur votre cœur ? »

À ces paroles, succéda le silence. Tout tremblant