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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/155

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attendant, m’accompagner chez Léon, où je me rendais, et qui sera charmé de vous voir. Ce bon Paolo ! je l’ai vu tout chagrin de votre séparation, un peu brusque, je crois ? Il s’est réellement attaché à vous, et va être bien heureux… Mais, c’est égal : si douce nous soit l’amitié, le maître des dieux et des hommes est toujours l’amour. »

Par une de ces réserves naturelles aux délicats et aux susceptibles, Ali, bien que vivement affecté de ces paroles, n’en demanda pas l’explication. Sérieux, un peu pâle, il avait les traits marqués de cette empreinte que laisse la souffrance. Il se laissa entraîner chez Léon Blondel, qui habitait avec son journal le rez-de-chaussée d’un vieux palais.

Ils trouvèrent Léon en compagnie de deux ou trois employés qui allaient et venaient dans son cabinet, et d’une jeune femme voilée qui, le front penché, humble, triste, assise devant lui, écoutait un discours dont les nouveaux venus saisirent seulement l’accent bourru, et qu’interrompit leur arrivée.

Ce fut alors, pendant quelque temps, un échange de congratulations, de questions et de réponses.

L’inconnue, qui s’était levée, restait là, embarrassée de sa contenance, partagée peut-être entre un faible espoir et la honte d’être importune, ou d’être oubliée. Cependant, aux regards qu’elle jetait vers la porte on devinait qu’elle serait sortie, si Donato, qui l’observait sournoisement et cherchait ses traits sous son voile, n’eût gardé le passage.

Ali se rappela bientôt qu’il avait interrompu l’entretien de Léon et de l’étrangère, et, s’excusant, il voulut se retirer.

« Non pas ! s’écria Léon, vous n’êtes jamais de