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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/179

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genoux devant lui, les mains jointes. Il sortit de là bouleversé.

Comme il rentrait chez lui en passant près de la demeure de Léon, il rencontra celui-ci qui lui cria :

« Eh bien ! d’où venez-vous ? Je vous attends. C’est juré !

Ah ! c’est juste ! » dit le jeune de Maurion, qui avait oublié le souper.

Il s’y rendit.

L’amphitryon offrait le luxe et la bonne chère ; les convives apportaient l’entrain et la gaieté. Dans la salle, tout riait : cristaux, fleurs, visages, et tout d’abord, sans être bruyante, la conversation fut animée. Tous ces hommes, compagnons habituels de fêtes, de travaux, se connaissaient plus ou moins ; Ali seul n’avait de rapports d’intimité avec aucun d’eux. Il se trouvait placé en face de Donato, entre un homme d’âge mûr et un tout jeune homme de vingt ans à peine, dont les manières hardies et le ton tranchant contrastaient avec l’attitude réservée du jeune Français Paolo, arrivé tard, fut placé fort loin, à l’autre bout de la table.

La conversation, en se généralisant, tomba promptement sur les deux sujets qui défrayent d’ordinaire les entretiens des hommes entre eux : la politique et les femmes. C’est au second que Donato, selon son habitude, s’en tenait, et il le traitait peut-être avec plus de cynisme qu’à l’ordinaire, en portant fréquemment ses regards sur Ali de Maurion.

« Je bois, s’écria-t-il en levant son verre, à la santé, non pas de l’amour, mais des amours. Foin des préjugés absurdes qui jettent sur la vie le froid manteau de l’austérité ! L’amour unique est un dieu