Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Bravo ! bien-aimé Ali !

— Amour libre et pur ! s’écria Donato d’un ton persifleur, que signifie cela ? Buvons, s’il vous plaît, à l’oiseau bleu de vos rêves, mais non pas à un non-sens.

— Et pourquoi l’amour libre ne saurait-il être pur ? dit Ali en se rasseyant, tandis qu’à son pâle visage montait une lueur pourprée. Est-il donc pur l’amour né de la contrainte ? Et même peut-il exister ? L’amour ne sera pur que lorsqu’il sera libre. Et l’amour libre sera pur si la liberté est l’aile qui nous emporte sur les sommets, et non le poids qui nous attire à la fange. À vous de nier ce que j’affirme, soit. La vérité ne vit, du moins en ce monde, que par l’homme. Les esclaves l’abaissent, les races libres la relèvent.

— La liberté grecque fit l’amour païen, allégua Donato.

— La liberté grecque est une des outres enflées de l’histoire. Couronné de fleurs, l’éloquence aux lèvres, mais un pied posé sur la poitrine de l’esclave, elle tient la clé du gynécée dans sa main. Or, partout où la femme n’est pas libre, l’amour ne peut être que licencieux.

— Et l’amour chrétien ? lui demanda-t-on.

— C’est un compromis, il n’existe pas. En conservant l’esclavage par la loi d’obéissance, en condamnant la vie, le christianisme n’a fait que joindre les abjections de l’hypocrisie aux fureurs de la licence.

— Si vous n’êtes ni pour Dieu ni pour le diable, s’écria le peintre, au nom de quoi, s’il vous plaît, condamnez-vous le plaisir ?