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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/185

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— Vous voulez dire son exclusive recherche ? Au nom de la dignité humaine, au nom de jouissances plus vraies, qui résultent de l’accord de toutes les puissances de l’être, et de leur expansion vers la justice et la vérité. Ni le paganisme, que le christianisme enchaîna, mais ne tua point, et qui lutte encore, tout vieux qu’il est, contre son vainqueur ; ni le christianisme, expirant à cette heure, n’ont respecté l’unité de l’être humain. Ce que vous nommez le plaisir n’est point la vie ; l’idéal chrétien ne l’est pas non plus. La vraie vie, sérieuse et forte, tissée tout ensemble de joies, de devoirs, de douleurs, de travaux, d’aspirations, est l’exercice harmonique de toutes nos forces et de toutes nos facultés. Le plaisir seul abrutit ; la douleur seule tue. Le bonheur est sur les sommets courageusement gravis ; c’est la fleur embaumée de toute œuvre qui, plongeant dans le sol de fortes racines, s’épanouit sous le ciel, trop haut pour être aperçue de ceux qui rampent.

— Mots ! aspirations vaines ! répliqua Donato.

— Ali, cria Paolo, qui, penché, de loin écoutait, Ali, tu dis vrai.

— Après tout, observa un des interlocuteurs d’Ali, si ramper nous plaît ? Il n’y a de mal à mon sens que dans ce qui nuit aux autres.

— Et ne sentez-vous pas, reprit Ali, qui après ses dernières paroles s’était affaissé comme sous le poids d’une lassitude profonde, mais qui, sur ce mot, releva la tête, — ne sentez-vous pas que l’amour sans attachement et sans pudeur produit du même coup trois abaissements : celui de la femme, celui de l’homme, et, par l’enfant, celui de la race