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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/187

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guère abandonné le chapitre des amours ; on en vint à lancer des allusions personnelles, à se féliciter à mots couverts… de la gaze la plus transparente. Les images des maîtresses absentes remplirent la salle, et chacun eut à cœur de rendre visible le fantôme gracieux qui l’obsédait. Les aveux erraient sur toutes les lèvres ; des indiscrétions provoquées s’échappèrent ; on avouait en niant. Quelques doutes malins irritant les vanités, les dernières réticences tombèrent : les noms de nobles Florentines se heurtèrent à des noms de courtisanes, et d’infâmes récits, les dépouillant de tout voile, les exposèrent aux regards.

Ali seul n’avait point vidé son verre. Jusque-là il avait gardé la même attitude affaissée ; à ce moment il se leva, ivre aussi, mais de dégoût. À l’autre bout de la table, Paolo Villano et deux ou trois autres exprimaient énergiquement leur blâme et cherchaient à refréner cette orgie, tandis que la plupart des convives, et entre autres Donato, couvraient ces remontrances d’éclats de rire. Ali se retirait en silence, quand certains de ces rieurs signalèrent à grands cris son départ.

« Monsieur de Maurion ! monsieur de Maurion ! où allez-vous ?

— L’ange quitte Sodome !

— L’innocence est en fuite !

— Au moins, secouez vos sandales.

— Messieurs, dit Léon, n’accusez pas M. de Maurion. Je ne saurais dire où il va ; mais je tiens à le réhabiliter à vos yeux. Je lui ai donné ce matin même l’adresse d’une jolie fille, qu’il cherchait depuis un mois. »