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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/281

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Avec un profond soupir, et d’un geste désespéré, il cacha sa tête dans ses mains, et à cette explosion de sentiment succéda un silence morne. Cependant, touchée de sa douleur, elle attachait sur lui des yeux émus, où se lisait une tendresse profonde, mais désormais timide, — et dont l’effusion s’arrêtait au bord de ses lèvres et dans ses regards, tandis que sa main, avancée comme pour une caresse, retombait sur ses genoux. Ce silence dura longtemps. Autrefois, le silence n’était entre eux que le repos de la parole, dans l’harmonie de la pensée. Maintenant, plein de secrètes divergences, il devenait lourd. Ce fut pour le rompre peut-être qu’Aline, quittant son fauteuil, alla prendre, en boitant un peu, la pincette dans le coin opposé de l’âtre. Paul se leva brusquement :

« Marcher ! quelle imprudence ! Pourquoi ne pas ne demander ?… »

Elle s’appuya sur l’épaule de son ami, tendre et souriante.

« N’aie pas peur ; ce ne sera rien, je crois. Je pose déjà le pied sans douleur. »

Cependant, il l’entraîna vers son fauteuil et la fit asseoir. Ils causèrent alors, mais sans entrain, cherchant un peu leurs idées, et d’un commun accord écartant celle qui les occupait le plus. Lui, surtout, semblait étudier ses paroles, et malgré lui son accent n’était plus le même. Une déférence profonde, ou plutôt une sorte d’idolâtrie, s’y marquait. Parfois un mot, une allusion involontaire, arrêtait leur parole, ou répandait une rougeur sur leur visage. À dix heures, Paul se leva.