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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/310

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sembler. Paolo, toi si noble, ne sens-tu pas, combien la préoccupation exclusive où sont presque tous les hommes de ce triste amour est indigne de toi ? N’est-il pas devenu, vois, comme une maladie de l’espèce humaine ? Science, art, conscience, affections vraies, tout cela ensemble ne tient pas dans la vie autant de place qu’en donnent les sens excités, l’imagination frappée, à cette passion toute, presque toute sensuelle, qui remplit le monde de désordres, de violences, d’injustices.

Mais on a voué la moitié de l’humanité à n’avoir d’autre préoccupation, d’autre but, que les choses d’amour. N’était-ce pas livrer à cet affolement l’humanité tout entière et condamner fatalement à l’excès et au désordre un sentiment qui pouvait, qui devait être digne et grand ? À côté de lui, cependant, que d’activités fécondes ! que d’attachantes préoccupations ! Cet amour-là n’est pas toute la vie. Il meurt non-seulement avec la jeunesse, mais se détruit par ses propres joies, fragile de nature, et si flétri par les hommes… N’en trouble point cet amour sublime, âme et soutien des mondes, qui me donne par toi, avec toi, la confiance de l’éternité.

Je n’ose relire tout ceci. Tu voulais toute ma pensée, j’ai dû te la dire. La voici plus entière encore : je t’aime ! Ceci est plus fort que tout et doit tout sauver. Ne l’oublie pas. À toi.

Aline.